Un dessinateur, ça sort rarement de chez lui.
Ca contemple, rêveur, les oiseaux dans le ciel et puis, ça retourne à son crayon ou à sa souris.
Bien sûr, il y a des exceptions, des dessinateurs de gouttière qui sortent quand bon leur semble, le crayon droit et dur-iner, afin de marquer leur territoire.
Ils sont souvent impatients de sortir, ils trépignent sur leurs coups de pattes de dessinateur, afin qu’on leur ouvre la porte…
Ce sont des dessinateurs pressés, des dessinateurs de presse, quoi.
Moi, je suis plutôt un dessinateur d’appartement, qui a sa litière dans son bureau, qui ronronne à la moindre caresse de ma maîtresse, qui est aussi ma femme puisque nous sommes félins pour l’autre, et qui fait ses griffes sagement sur son arbre à dessinateur.
Pas besoin de faire le tour du pâté de maison, puisque c’est dans ma maison, qu’il y a ma pâtée ! C’est épatant et pathétique à la fois.
Je suis loin d’être chat castré dans ma cave, pattes et poings liés.
Cependant, l’autre jour, je me suis enfui de chez moi. Je m’étais levé tôt ! Dès potron-minet ! Vous allez penser que j’avais une envie de manger de l’herbe, afin que je recrache mes poils…de pinceaux accumulés pendant tout l’hiver. Nenni !
Je me suis enfui pour goûter aux joies de faire mes griffes en public, lors d’un event.
Toujours peur qu’il n’y ait pas un chat lors de ce genre d’événementiel.
Mais là, je ne pouvais pas me tromper : J’étais à Namur, dans le cadre du salon « Bois & Habitat » et j’étais donc sûr à 100 persans, qu’il y aurait du monde. Et ce fût le cat ! Plus de 300 personnes pour les « Rencontres filières Bois« , véritable institution depuis des années pour les amateurs de tous poils. Avant moi, c’était un dessinateur de gouttière qui avait droit au chapitre derrière le pupitre…Un certain Pierre Kroll.
C’est la cinquième année de suite que je le remplace. Je griffonne donc des petites souris, des petits miquets durant la conférence, et je ronronne de plaisir à chaque fois que l’audience applaudit mes gribouillis diffusés sur un écran.
Au début, j’étais pas habitué, en tant que dessinateur d’appartement, à recevoir ces bravos. Je ne suis pas une star de la chanson, pas Benjamin Miaulait,
Alors, vous pensez bien, des applaudissements…Ils sont pour qui ? Pour moi ?
Si ! à moi !
Juste en face, il y avait une animatrice, d’appartement elle aussi. Sa maison est plus grande que la mienne, car elle gambade dans les longs couloirs de la première chaine du service public, mais il lui est déjà arrivé d’être enfermée dans un petit cube, pour la bonne cause.
Sara De Paduwa était donc présente pour animer ce qui devenait tout doucement des « Rencontres litière bois » à force de pétrir de plaisir face à la convivialité des organisateurs.
Merci donc à Emmanuel Defays, Marc Herman, Marc Georges, François Sougnez et Jean-François Pandolfe de faire rimer « event » et « heaven » et d’avoir installé cette chatière pour mes feutres et moi.
Je compte l’utiliser durant de longues années encore et pendant neuf vies !